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CUBA

René Gómez Manzano

emprisonné depuis juin 1997 pour ses écrits en faveur de la démocratie


a été libéré, le 23 mai 2000.

 

 

Depuis le 16 juin 1997, l’avocat cubain René Gómez Manzano était emprisonné sous l’accusation de " sédition " pour avoir écrit un document en faveur de la démocratie intitulé "La patria es de todos" (La patrie appartient à tous).

Agé de 54 ans, René Gómez Manzano est un avocat qui a œuvré pendant des années contre les violations des droits de l’homme. En 1990, il a fondé le Corriente Agramonista, une organisation indépendante d’avocats à Cuba qui préconise la réforme du système judiciaire. En 1991 son manifeste appelait à l’instauration d’un état de droit, de l’indépendance des magistrats et à la démocratisation et la décentralisation de l’organisation judiciaire. Il a demandé en vain l’enregistrement de son groupe d’avocats indépendants qui n’étaient plus responsable que vis à vis des clients mais non du gouvernement cubain comme les autres avocats cubains regroupés obligatoirement dans des "bufetes colectivos " "collectifs d’avocats contrôlés par le Ministère de la Justice. Pour toute réponse, le Ministre de la Justice l’a radié du "collectif d’avocat " auquel il était affilié.

Il a ouvertement critiqué les irrégularités dans le déroulement des procédures judiciaires et a été arrêté et détenu à plusieurs reprises notamment en 1995 pour avoir été l’un des fondateurs du Concilio Cubano, rassemblement de plus de cent groupes non officiels incluant des association de défense des droits de l’homme, des groupements professionnels indépendants et des parties politiques.

En 1997, René Gómez Manzano a été le lauréat du Prix des Droits de l’Homme de l’American Bar Association (Section of Litigation). Il n’a pu se rendre aux Etats-Unis pour le recevoir en personne. Il a été arrête la semaine précédente la cérémonie de remise, en juillet 1997.

En effet, le 16 juin 1997, René Gómez Manzano et trois autres dirigeants de l’opposition pacifique interne, deux économistes et un ingénieur, Marta Beatriz Roque Cabello, Vladimiro Roca Antúnez and Félix Bonné Carcassés, ont rédigé et rendu public un texte intitulé "La patria es de todos" (La patrie appartient à tous), où était fait un examen critique de la réalité du pays. Le document qui préconisait l'abstention aux prochaines élections et demandait au Gouvernement de donner réponse à diverses questions qui lui avaient été posées au sujet du système électoral, était établi en réponse au projet de document officiel établi en vue du Ve Congrès du Parti communiste cubain prévu pour octobre 1997.

Les membres du Groupe des quatre ont été arrêtés le 16 juillet 1997, quelques jours après avoir publié leur libelle contre le régime castriste au nom du Groupe de travail de la dissidence intérieure, qu'ils ont fondé, après une perquisition minutieuse de leurs domiciles. Ces quatre personnes, opposants connus auxquels il est interdit depuis des années d'exercer une activité professionnelle, sont membres du Groupe de travail de la Disidencia Interna para el Análisis de la Situación Socio-Económica Cubana. Parmi eux figurent le fils d'un des principaux auteurs de la Constitution actuelle de la République de Cuba, Blas Roca Calderio.


Devant l'inquiétude exprimée par des gouvernements étrangers pour ces quatre détenus, le Ministère des relations extérieures a exposé que ces personnes auraient mené, les semaines précédentes, une intense activité visant à renverser l'ordre légal et constitutionnel; qu'elles avaient tenté d'empêcher la tenue des élections locales en organisant un boycottage; qu'elles avaient diffusé des données mensongères sur l'économie cubaine dans le but de décourager les investissements étrangers dans le pays; qu'elles disposaient de l'appui logistique du bureau chargé de la défense des intérêts américains à La Havane; et qu'elles travaillaient en liaison avec des chefs de groupes terroristes installés aux Etats-Unis. Au cours des mois suivants, ils ont été transférés dans différentes prisons du pays : Vladimiro Roca dans la prison d'Ariza, à Cienfuegos, René Gómez dans celle d'Agüica, à Matanzas, et Félix Bonne à Guanajay, dans la province de La Havane.

Après dix neuf mois de détention, un procès à huis clos des quatre leaders de l'opposition cubaine connus sous le nom de Groupe des quatre, a été mené rapidement à La Havane, en mars 1999. Dans ses réquisitions, le procureur avait réclamé une peine de six ans de prison contre Vladimiro Roca Antúnez, fils d'un des fondateurs historiques du Parti communiste cubain et considéré par les autorités comme le meneur du groupe. Il avait requis cinq ans de prison contre les trois autres accusés, René Gómez Manzano, Marta Beatriz Roque Cabello et Félix Bonné Carcassés sous l’accusation de " sédition "..

Leur procès a commencé une dizaine de jours après que le Parlement cubain eut approuvé une loi réprimant durement les activités de la dissidence. Un tribunal les a condamnés à des peines différentes :

cinq and de prison pour Vladimiro Roca Antúnez,

quatre ans pour René Gómez Manzano et Félix Bonné Carcassés

trois ans et demi pour Marta Beatriz Roque Cabello.

En mai 2000, René Gómez Manzano a finalement été libéré.

 

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