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L’IDHBB – HUMAN RIGHTS INSTITUTE

condamne /condemns

25 mars 1999

Au Kosovo
L’Assassinat de Bajram KELMENDI
Avocat des droits de l'homme



 

Bajram Kelmendi, âgé de 62 ans, " ténor du Barreau de Pristina " selon la FIDH, bien connu pour sa défense des droits de l'homme au Kosovo était avec Destan Rukiqi et Fazli Balai, l'un des trois avocats en charge de dossiers politiques. D’origine albanaise, il était installé à Pristina où il était membre de la section de Pristina du " Këshilli për Mbrojtjen e të Drejtave dhe Lirive të Njeriut ", le Conseil pour la Défense des Droits de l'Homme et des Libertés (KMDLNJ). A ce titre, il s’employait sans relâche à assurer la défense en justice des membres de la minorité ethnique albanaise qui faisaient l'objet de poursuites politiques devant les tribunaux serbes. Bajram Kelmendi était un homme respecté à la cour de justice comme auprès de la population. Il venait de défendre, en février 1999, des Albanais d’Urosevac mis en accusation par la Cour du District de Pristina. Sa plaidoirie est considérée comme une des meilleures analyses politiques de la situation au Kosovo.

C’est pour cela qu’il a été choisi pour être assassiné, le 25 mars 1999, au moment où commençait les bombardements de l’OTAN sur le Kosovo. Lui et ses deux fils, dont l’un mineur, ont été enlevés à leur domicile tôt le matin du 25 mars 1999. Cinq hommes armés, qui portaient un uniforme de couleur sombre avec des insignes de la police ont fait irruption et l’un d’entre eux a hurlé: "vous avez cinq secondes pour sortir de vos chambres!" Après avoir été frappés par la police serbe devant leur famille, les trois hommes ont été emmenés de force dans la propre voiture de Kelmendi. Pendant que les agresseurs montaient à l’étage, sa femme a appelé le commissariat de police. Ils l’ont écoutée mais ne se sont pas déplacés. Elle a de nouveau appelé après que son mari et ses enfants aient été emmenés. Cette fois-ci, la police lui a raccroché au nez. Au commissariat, ils lui ont dit de s’adresser aux troupes de l’OTAN…

Les corps ont été retrouvés le lendemain, 26 mars, près d'une station service au sud ouest de Pristina. Leur mort a été annoncée par le Humanitarian Law Centre (H.L.C.) - Centre pour le Droit Humanitaire, organisation indépendante de défense des droits de l'homme en Yougoslavie.

Bajram KELMENDI a donc consacré sa vie à la défense du droit et des droits de l’homme.

C’est à cause de cela qu’il est devenu un martyr.

Le cas n'est pas isolé, déjà en 1998, un autre avocat du KMDLNJ, Destan Rukiqi avait été emprisonné et sévèrement frappé seulement pour avoir entrepris d'obtenir une copie des charges retenues contre un client.

Bajram Kelmendi, avait alors expliqué à la FIDH : "L'affaire Rukiqi est une première au Kosovo. Jamais jusqu'alors on avait osé pousser à ce stade la répression. Certes en tant qu'avocats en charge de dossiers politiques, nous sommes continuellement l'objet de menaces en tout genre. Je crois, oui, que ma notoriété me protège un peu mais Destan pensait la même chose, jusqu'au moment où il a été arrêté. Il n'y a pas de justice au Kosovo.

 

Bajram Kelemendi a reçu, en 1999, conjointement avec Natasa Kandic , directrice de l’Humanitarian Law Center de Belgrade un des Prix des Droits de l’Homme décernés chaque année par le Lawyers Committee for Human Rights.


(Source : Lawyers Committe for Human Rights de New York, FIDH, Humanitarian Law Center de Belgrade et le Conseil pour la Défense des Droits de l'Homme et des Libertés (KMDLNJ).

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