|
INFOS:
15 janvier 2008-
Saisie par le Gisti (Groupe
d'intervention et de soutien aux travailleurs immigrés), la Halde juge les tests
ADN "discriminatoires"
PARIS (AFP) - La Haute autorité de lutte contre
les discriminations et pour l'égalité (Halde) a
estimé mardi que plusieurs dispositions de la loi relative à la maîtrise de
l'immigration "ont un caractère discriminatoire", notamment les tests
ADN.
La Halde
considère, dans un communiqué, que les dispositions en cause
"méconnaissent des directives européennes ou des conventions
internationales auxquelles la France est partie". Elle vise notamment
"l'identification par les empreintes génétiques des enfants entrant sur le
territoire dans le cadre du regroupement familial", les tests ADN.
Dans sa délibération, la Halde,
relevant que le caractère discriminatoire des tests ADN a été atténué au Sénat,
souligne qu'il s'agit maintenant d'établir la filiation avec la mère. "Une
fois que la filiation de la mère sera établie, le doute sur le lien entre le
père et la mère demeurera", note la Halde après
avoir relevé que "si l'état civil du pays
d'origine est défaillant, il l'est autant en ce qui concerne la filiation qu'en
ce qui concerne les actes de mariages".
"De plus, cette procédure ne pourra être
mise en oeuvre, en cas de décès de la mère, par un
père, résidant régulièrement en France et cherchant à faire venir son enfant
sur le territoire français", souligne-t-elle.
"Cette mesure, concrètement peu utile,
stigmatise très fortement les candidats au regroupement familial, droit
fondamental, et revêt une portée discriminatoire", affirme-t-elle.
Pour elle, "la mise en oeuvre
de cette procédure porte une atteinte aux droits fondamentaux tels que le droit
au respect de la vie privée de l'article 8 de la Convention européenne des
droits de l'Homme (CEDH), les tests d'identification par empreintes génétiques
étant réservés en France à des cas très spécifiques, notamment en matière de
lutte contre le terrorisme et de délinquance sexuelle".
Dans les autres dispositions présentant un
caractère discriminatoire, la Halde cite aussi
"les conditions de ressources exigées pour les personnes handicapées qui
demandent le regroupement familial", "la suspension des prestations
familiales en cas de non-respect du contrat d'accueil et d'intégration",
"la non-motivation de la décision d'+obligation de quitter le territoire
français+ (OQTF) après un refus ou un renouvellement de titre de séjour"
et "l'exigence d'une autorisation spécifique pour les étrangers résidents
de longue durée souhaitant exercer une profession commerciale".
La Halde précise
qu'elle a été saisie par le Gisti (Groupe
d'intervention et de soutien aux travailleurs immigrés) sur la loi relative à
la maîtrise de l'immigration, à l'intégration et à l'asile, publiée le 21
novembre au Journal officiel.
Le collège de la Halde
a transmis sa délibération au Premier ministre et au ministre de l'Immigration,
de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement
Brice Hortefeux et a demandé à être consulté sur les
décrets d'application de cette loi.