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L'affaire Dreyfus

Chronologie

 

1894

20 juillet 1894 Le Commandant d'infanterie Ferdinand Walsin-Esterhazy qui, par ses liens avec plusieurs bureaux des Services de Renseignements, s'est trouvé en contact des documents confidentiels, offre ses services à Schwartzkoppen.

26 septembre : Une correspondance - le "bordereau" - échangée entre l'attaché militaire allemand Maximilian von Schwartzkoppen et l'attaché militaire italien Alessandro Panizzardi est intercepté par le Service de Renseignements français, alors appelé " Section de Statistique ", dirigé par le lieutenant-colonel Sandherr. Il s'agit d' une lettre non signée annonçant à Schwartzkoppen l'envoi de documents militaires confidentiels.

6 octobre : Après une rapide enquête, l'écriture et la teneur du bordereau le font attribuer au capitaine Alfred Dreyfus, alors stagiaire à l'Etat-Major général de l'Armée.

15 octobre : Dreyfus est arrêté et écroué à la prison du Cherche-Midi. La première information sera menée par le commandant du Paty de Clam.

31 octobre : Grâce à une fuite des bureaux de l'Etat-major, Edouard Drumont, l'éditeur du journal antisémite La Libre Parole, apprend l'arrestation d'un traître. Le numéro du Soir l'identifie et, le lendemain, La Libre Parole commence une violente campagne contre l'officier juif.

3 novembre : Le Commandant d'Ormescheville commence son enquête judiciaire et, le 3 décembre, conclut qu'un procès en cour martiale s'impose.

7 novembre : Ouverture de l'instruction judiciaire menée contre Dreyfus par le commandant d'Ormescheville. Les experts en écriture lui attribueront la paternité du bordereau.

19 novembre : Le procès du capitaine Dreyfus s'ouvre devant le premier Conseil de Guerre de Paris. Le huis-clos est prononcé.

22 novembre : Le général Mercier, ministre de la Guerre, fait communiquer aux juges militaires, à l'insu de la défense, un " dossier secret " préparé contre Dreyfus par la Section de Statistique. A l'unanimité, Dreyfus est déclaré coupable et condamné à la déportation à vie dans une enceinte fortifiée.

 

1895

 

La dégradation du Capitaine Dreyfus dans la Cour d'honneur de l'Ecole Militaire

    

5 janvier : Dégradation du capitaine Dreyfus, dans la grande cour de l'École militaire.

21 février : Le condamné embarque à Rochefort, à destination de l'île du Diable.

1e r juillet : Le lieutenant-colonel Picquart remplace Sandherr à la tête de la Section de Statistique.

1896

Début mars : Une carte-télégramme, dite " petit bleu ", émanant de l'ambassade d'Allemagne et adressée au commandant Walsin-Esterhazy, est interceptée par la Section de Statistique.

Printemps Picquart poursuit de sa propre initiative une enquête discrète sur le destinataire du " petit bleu ".

Été : Picquart, après consultation du " dossier secret " de 1894, acquiert la conviction que le bordereau qui a fait condamner Dreyfus émane en réalité d'Esterhazy.

Septembre : Picquart tente vainement de convaincre les généraux de Boisdeffre et Gonse, respectivement chef et sous-chef d'État-Major, de l'innocence de Dreyfus et de la nécessité d'une révision de son procès.

18 septembre : Madame Dreyfus adresse à la Chambre une pétition pour demander la révision du procès de son mari. Des polémiques de presse vont s'engager avec une violence croissante autour du verdict de 1894.

Fin octobre Le général Billot, ministre de la Guerre, décide d'éloigner Picquart en l'envoyant en mission, dans l'Est d'abord, puis en Afrique du Nord.

2 novembre Le commandant Henry, adjoint de Picquart, après l'avoir été de Sandherr, remet au général Gonse un document accablant pour Dreyfus, qu'il prétend avoir été saisi à l'ambassade d'Allemagne. Il a en réalité lui-même forgé cette pièce, dite plus tard " faux Henry ".

10 novembre : Le Matin publie un fac-similé du bordereau.

16 novembre : Picquart quitte Paris.

 

1897

Fin juin Picquart, qui s'est au printemps brouillé avec Henry, dont il redoute les manoeuvres contre lui, vient en permission à Paris. Sous le sceau du secret, il confie à maître Leblois, son avocat et son ami, sa conviction de l'innocence de Dreyfus et de la culpabilité d'Esterhazy.

13 juillet : Leblois répète à Scheurer-Kestner, vice-président du Sénat, les confidences de Picquart.

Août - Le bruit se répand peu à peu que Scheurer- Kestner est persuadé de

septembre l'innocence de Dreyfus et en détient les preuves.

18 octobre : Une lettre anonyme, signée " Espérance ", avertit Esterhazy, alors en congé à la campagne, qu'il va être accusé du crime pour lequel a été condamné Dreyfus. Il accourt aussitôt à Paris.

Fin octobre Henry et du Paty de Clam entrent secrètement en relations avec Esterhazy. Cette collusion va permettre à Esterhazy de se poser en victime de Picquart et de la famille Dreyfus.

10 novembre : De faux télégrammes destinés à compromettre Picquart lui sont expédiés en Tunisie.

15 novembre : Mathieu Dreyfus, frère du condamné, dénonce publiquement Esterhazy comme étant l'auteur du bordereau.

I7 novembre : Le général de Pellieux est chargé d'ouvrir une première enquête purement administrative sur les activités d’Esterazy. elle sera suivie d’une deuxième enquête, extra-judiciaire. Pellieux est convaincu qu’Esterhazy, quoique " taré ", est innocent et qu’on cherche à le substituer à Dreyfus.

4 décembre : Esterhazy est renvoyé devant le premier Conseil de Guerre de Paris.

7 décembre : Intervention de Scheurer- Kestner à la tribune du Sénat pour convaincre ses collègues de l’innocence de Dreyfus. Seul Ludovic Trarieux vient à son sécours.

1898


6 janvier : Lettre ouverte de Ludovic Trarieux publiée dans Le Temps.

10-11 janvier : Procès Esterhazy. Il est acquitté à l'unanimité.

 

J'accuse de Zola

    

13 janvier : L'Aurore publie sous le titre " J'accuse..- " une lettre ouverte d'Émile Zola au président de la République, protestant violemment contre l'acquittement " par ordre " d'Esterhazy.

7-23 février : Débats du procès en diffamation intenté à Zola devant les Assises de la Seine par le ministre de la Guerre. Ses avocats, au cours d'audiences tumultueuses, s'efforcent de faire la lumière sur les conditions, alors très mal connues, dans lesquelles a été obtenue la condamnation de Dreyfus en 1894- Zola est condamné.

18 février : Ludovic Trarieux et les dreyfusards décident de créer la Ligue des droits de l’Homme dans la salle d’attente des témoins du procès Zola.

2 avril : Cassation pour vice de forme du verdict rendu contre Zola.

23 mai : Ouverture du deuxième procès Zola devant les Assises de Seine-et-Oise.

4 juin : Création officielle de la " Ligue française pour la défense des droits de l’homme et du citoyen " dont Ludovic Trarieux devient le premier président.

7 juillet : Cavaignac, successeur du général Billot au ministère de la Guerre, lit à la tribune de la Chambre le texte du "faux Henry " pour confondre les partisans de Dreyfus, contre lesquels il prépare des mesures de rigueur.

11 juillet : Christian Esterhazy, cousin du commandant, accuse son parent, qui l'a escroqué, d'être l'auteur des faux télégrammes adressés à Picquart l'année précédente.

12 juillet : Une information est ouverte contre Picquart et Leblois pour divulgation de documents secrets intéressant la défense nationale.

12 juillet : Esterhazy est arrêté sur mandat du juge Bertulus, chargé de l'instruction de l'affaire des faux télégrammes.

13 juillet : Arrestation de Picquart.

18 juillet : Zola est à nouveau condamné par les Assises de Seine-et-Oise.

12 août : La Chambre des mises en accusation rend un arrêt de non-lieu en faveur d'Esterhazy, qui est aussitôt libéré.

I3 août : Le capitaine Cuignet, attaché au cabinet de Cavaignac, constate le caractère apocryphe du " faux Henry ".

24 août : Esterhazy comparaît devant un Conseil d'enquête chargé de donner un avis sur sa mise en réforme pour " inconduite habituelle ".

27 août : Le Conseil d'enquête émet un avis favorableà la mise en réforme d'Esterhazy. Les débats font partiellement découvrir la " collusion " de 1897.

30 août : Cavaignac arrache à Henry l'aveu de son faux. Le général de Boisdeffre démissionne.

31 août : Suicide d'Henry, mis aux arrêts de rigueur au mont Valérien.

3 septembre : Cavaignac, restant hostile à la révision, démissionne du ministère Brisson qui en a admis le principe.

4 septembre : Esterhazy quitte la France. Après un court séjour à Bruxelles, il se fixera en Angleterre.

27 septembre : Le garde des Sceaux donne ordre au procureur général près la Cour de cassation de saisir la Chambre criminelle de la Cour de la demande en révision déposée par madame Dreyfus.

 

1899

3 juin : Après une longue enquête, péniblement poursuivie au milieu d'un incroyable déchaînement de passions, la Cour de cassation annule le jugement de 1894 et renvoie Dreyfus devant le Conseil de Guerre de Rennes.

18 juillet : Dans un récit publié par Le Matin, Esterhazy se reconnaît l'auteur du bordereau. Il prétend avoir écrit cette pièce sur l'ordre de ses chefs pour leur fournir la preuve matérielle de la culpabilité de Dreyfus, dont ils n'avaient que la certitude morale. Tout l'ancien Ëtat-Major, et particulièrement le général Mercier, traitera de fables les assertions d'Esterhazy.

7 août- Débats du Conseil de Guerre. L'acharnement apporté par Mercier

9 septembre et ses anciens subordonnés à soutenir le bien-fondé du verdict de 1894 entraîne la conviction des juges de Rennes. Dreyfus est déclaré coupable avec circonstances atténuantes et condamné à dix ans de détention.

19 septembre : Dreyfus est gracié par le président de la République. L'acceptation de sa grâce par le condamné entraînera de graves dissensions dans le camp dreyfusiste.

 

1904

5 mars : La Cour de cassation, à la suite de la découverte d'autres faux introduits dans le dossier secret constitué contre Dreyfus en 1897 et 1898, déclare que ces "faits nouveaux " rendent recevable la nouvelle demande en révision introduite par Dreyfus et ordonne un supplément d'enquête.

13 mars : Mort de Ludovic Trarieux à son domicile parisien 4, rue de Logelbach.

 

1906

12 juillet : A la majorité des voix, la Cour de cassation, toutes chambres réunies, casse sans renvoi le verdict de Rennes et déclare qu'il ne reste plus rien à la charge de Dreyfus qui puisse être qualifié crime ou délit.

13 juillet : Le Parlement vote une loi réintégrant Dreyfus dans l'armée, avec le grade de chef de bataillon auquel son ancienneté lui donne normalement droit.

2I juillet : Le commandant Dreyfus reçoit les insignes de chevalier de la Légion d'honneur, dans la cour de l'École militaire,

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