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MUSÉE DU BARREAU DE BORDEAUX

 

Jules DUFAURE, une carrière d'avocat au barreau de Bordeaux (1820-1852)


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Jules DUFAURE (1798-1881), phénomène de longévité professionnelle et politique de Louis-Philippe de la Monarchie de Juillet à la Troisième République. Né à Saujon sous le Directoire, entré dans la vie politique en 1834, il ne la quitta que 45 ans plus tard, en 1879. Il fut sept fois ministre sous cinq chefs d’État différents. Il a été Bâtonnier du barreau de Bordeaux en 1831, 10 ans à peine après son inscription, puis fut élu bâtonnier de Paris dix ans après s’y être inscrit en 1862. Inscrit au barreau sous le règne de Louis XVIII, devenu ministre sous celui de Louis-Philippe, il devait passer près de cinq ans, à la tête du ministère de la Justice, jusqu'à l'élection de Jules Grévy à la Presidence de la République.

1820


    

    

Pendant ses études de droit à Paris, il suit les cours de rhétorique du lycée Charlemagne. Après avoir prêté serment devant la cour royale de Paris en 1819, il s’inscrit au stage du barreau de Bordeaux le 13 novembre 1820. Il est inscrit au tableau en 1823. La légende raconte qu’il y fut « le premier à plaider sans avoir écrit à l’avance sa plaidoirie ». En 1830, il devient membre du conseil de l’Ordre à 31 ans L’année suivante, il est élu bâtonnier à 32 ans il va rester membre du conseil de l’Ordre sans interruption de 1832 à 1839. Et exercer sa profession dans son cabinet d'abord rue Saint James, puis rue de la devise Saint-Pierre et rue du Mirail, à Bordeaux.


Inscription de Dufaure sur le tableau de l'ordre le 8 décembre 1823.

1839

Élu député à Saintes sans discontinuer de 1834 à 1848, sous la Monarchie de Juillet, il devint en 1839, ministre des Travaux publics dans un cabinet Soult, où il attache son nom à la loi sur les chemins de fer de 1842 . Il demanda alors l’autorisation - qui lui fut accordée - de demeurer inscrit au barreau de Bordeaux : « Je ne pense pas qu’il y ait aucun doute sur le droit qu’il y ait de conserver la place que je possède depuis seize ans, je ne puis avoir promis ce mois en acceptant une haute et passagère mission qui ne doit me tenir que pour un éloigné de Bordeaux, et qui m’empêche pas de conserver mon domicile cabinet ». Il se retire du gouvernement avec la formation du ministère Thiers en mars 1840 mais il restera fidèle à son cabinet du 6 de la rue du Mirail à Bordeaux jusqu'à son départ pour Paris en 1852.


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J’ai trouvé, dans mes confrères, pendant tant d’années les amis si sincères et si bon ma pensée se reporte pour faire que j’ai besoin d’être suivi par leur affection dans la position si nouvelle viens d’être appelé.

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…je serai toujours heureux fier de trouver un refuge parmi les compagnons de ma jeunesse et dans un barreau qui a toujours plus honoré les hommes sortis de son sein, qu’ils n’ont plus l’honorer eux-mêmes..

1848

Sous la IIe République, devenu ministère de l’Intérieur, dans le ministère Cavaignac, le 13 octobre 1848, il soutient la candidature de Cavaignac à la présidence de la République et il quitte le gouvernement après l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte (décembre 1848). Réélu le 13 mai 1849, député de la Charente-Inférieure il devient le 2 juin suivant ministre de l’Intérieur jusqu’au 31 octobre 1849 dans le gouvernement Cavaignac puis dans celui d' Odilon Barrot où siège son ami Tocqueville, qui dira de lui dans ses Souvenirs qu’il redoutait : « la tribune qui était pourtant sa seule force ". (Souvenirs, IIIe partie, ch 3).


Le tableau de l'Ordre sous le bâtonnat de Jules Dufaure(1831-1832)

1852

Après le coup d’État (pour lui, la "Révolution") du 2 décembre 1851, il est arrêté il est conduit au Mont-Valérien après avoir signé le premier le décret de déchéance. il décide alors de démissionner 32 ans après ce du barreau de Bordeaux de demander son inscription au barreau de Paris en 1852 .
Il annonce alors au bâtonnier de Bordeaux qu'il renonce définitivement à la vie politique et termine :

« Pour moi je me rappellerai toujours avec le plus affectueux reste des avocats éminents dont j'ai reçu les conseils publiés exempts au commencement de ma carrière ce qui avec vous, Monsieur le bâtonnier, continuent leurs excellentes conditions de savoir, de talent et de dignité".
il disparaît du tableau de l'Ordre de Bordeaux en 1852.
En 1862, 30 ans après son bâtonnat au barreau de Bordeaux, il fut élu bâtonnier de Paris, après dix années d’inscription tableau, l’année même de son éligibilité (1862–1863). Le barreau de Bordeaux lui offrit le 17 février 1863 un banquet lors duquel il déclara à ses anciens confrères :
« Si j’ai eu l’honneur insigne d’être appelé cette année à la tête du grand barreau de Paris, j’avais été bien préparé lorsqu’il y a 30 ans, j’avais été le bâtonnier du barreau de Bordeaux ».

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Dufaure n’en avait pas fini pour autant avec la politique sous la IIIème République. En 1873, il allait devenir Ministre de la Justice en même temps que vice président du conseil et demeurer chef du gouvernement et Garde des Sceaux presque sans discontinuer de 1876 à 1879, ne démissionnant en décembre 1876 que pour reformer un gouvernement en décembre 1977. là, iolposera les prémisses d’un concours donnant accès à la magistrature. (Maurice Rousselet, Histoire de la magistrature des origines à nos jours, Paris, 1957, t. I, p. 249).
Devenu Sénateur inamovible le 14 août 1876, il refusera après la démission de Mac-Mahon et l’élection de Jules Grévy, d’entrer en février 1879 dans un nouveau cabinet en constatant : « La situation est nouvelle, il faut des hommes nouveaux ».
À sa mort le 27 juin 1881 il a légué par testament 5000 Fr. au barreau de Bordeaux et 10 000 Fr. au barreau de Paris.


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©Editions Tyché, Favreau, "Une Petite Histoire du Barreau de Bordeax"
avec l'aimable autorisation de l'éditeur et de l'auteur

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