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MUSEE DU BARREAU DE BORDEAUX


 

LA CONFERENCE DU STAGE DU BARREAU DE BORDEAUX


    Les Ordres des avocats rétablis n'avaient sans doute pas manqué de se préoccuper de leurs devoir de formation envers les plus jeunes d'entre. Le décret de 1810 qui les a restaurées rappelait l'obligation d'assister aux audiences assignée aux « avocats stagiaires » qui a, par la suite, été périodiquement renouvelée par le conseil de l’Ordre notamment dans deux délibérations pieusement retranscrites dans le « Mémorial » de l’ordre reconstitué, en date des 15 Juin 1813 et 14 décembre 1814 sous peine de réprimande. La formation imposée aux nouveaux admis est longtemps demeurés limitée à leur fréquentation assidue des audiences "en portant le costume de l'Ordre".

    Ainsi existe-t-il, au moins à partir de 1820, un documents dit « Registre de la Conférence du Stage » qui n’était en réalité qu’un répertoire des demandes d’admission sur la liste du stage. Les archives en conservent au moins un exemplaire, celui où le 13 novembre 1820, Jules Dufaure a signé sa demande d’admission parmi les stagiaires du barreau de Bordeaux avant que de devenir par la suite l'un des plus grands noms du barreau de Paris, dont il devint le bâtonnier de l’Ordre.

1824

Portrait de Louis Brochon, dit Brochon jeune (1779-1850).
Louis Brochon, dit "Brochon jeune"

    

En 1824, treize avocats stagiaires adressent une lettre au Bâtonnier en le priant d'établir des conférences du Stage contribuant à rattacher le jeune Barreau à l'ancien et à le rendre plus propre à en perpétuer les vertus, comme à en conserver la gloire.

En réponse, le 9 octobre 1824, le Conseil, présidé par Louis Brochon, dit "Brochon jeune", après avoir exprimé toute la satisfaction qu'il ressentait du « zèle qui anime MM. les Avocats stagiaires », décidait alors de nommer dans un premier temps deux anciens bâtonniers, Roullet et Dégrange-Touzin, en qualité de commissaires, en vue de l’instauration de « conférences » sur le droit présidé par le bâtonnier ou par un membre du conseil de discipline.

 registre des délibérations du Conseil de discipline des Avocats à la Cour Royale de Bordeaux à la date du 9 octobre 1824.
Extrait du « Mémorial », registre des délibérations du Conseil de discipline des Avocats à la Cour Royale de Bordeaux à la date du 9 octobre 1824.

1831

Portrait de Louis Brochon, dit Brochon jeune (1779-1850).

Au temps de la Monarchie de Juillet, lors de son entrée en fonction en 1831, Jules Dufaure suggéra la nomination d'une nouvelle commisssion pour compléter l'organisation des Conférences. Sous son Bâtonnat, une délibération du 3 décembre 1831, décide qu’il sera tenu, « dans la Chambre des Avocats sur les matières diverses du droit et sur tout ce qui se rattache à la profession d'avocat », des conférences auxquelles les avocats stagiaires devront assister. Le caractère obligatoire en est renforcé puisque l’article 4, précise que l’assiduité aux Conférences est un des critères de l'admission au Tableau.

1841-1842

C'est véritablement à l’instigation d'Aurélien de Sèze (1799-1870) et de son secrétaire du conseil, Henri Brochon, futur Maire de Bordeaux que la conférence s’institutionnalise et se structure. C'est à partir de 1841 que s’institue l'usage du discours de la rentrée "des Conférences" initialement consacré à l'éloge d'un grand ancien, le premier étant naturellement dédié à Brochon père. Les mémoires de Ferrère, Duranteau, l'aîné, Jean de Sèze, Vergniaud etc. furent à la suite honorée. A partir de 1854 les thèmes toutefois se diversifieront. Si la tradition de l'"éloge" d'un bâtonnier disparu par l'un des deux secrétaires de la conférence s'est perdue au cours du dernier quart du XXe siècle, l'usage du discours de rentrée publié est demeuré au cours des ans. Le dernier éloge d’un bâtonnier disparu fut celui prononcé par Patrice Monthé, second secrétaire de la Conférence et futur bâtonnier du Cameroun, le 2 mars 1984.


Dans sa séance du 22 février 1842, le Conseil de discipline de l'Ordre des Avocats décide, dans «·le but de donner une meilleure organisation » , que "les conférences" auront lieu une fois par semaine et commenceront chaque année dans la première semaine du mois de décembre, pour durer jusqu'à la première semaine du mois d'août. Elles sont obligatoires pour les avocats stagiaires, mais tous les avocats inscrits au Tableau sont invités à y assister. Le Bâtonnier les préside, assisté de deux membres du Conseil de Discipline.

Portrait d'Aurelien de Sèze par Albert Noyer. Coll. Part.

Malheureusement, le zèle initial manifesté par les « stagiaires » de 1830 semble s’être émoussé avec les ans, et par une délibération du 24 janvier 1874, le conseil de l’Ordre devenu avec la IIIe République, « à la cour d’appel de Bordeaux », a été dans l’obligation de rappeler solennellement que l'assiduité aux audiences des tribunaux et aux conférences faites par le Bâtonnier avait une nature obligatoire pour tous les stagiaires. Il fut même précisé que la présence aux conférences serait désormais constatée par l'apposition de leurs signatures sur un registre spécial, consulté chaque année au moment de la formation du Tableau, ainsi que lors de la délivrance du certificat de stage et d'admission au Tableau.



Eloge de Gensonné prononçé lors de la Rentrée des Conférences 1853 par A Chenou.

Le Conseil de l’Ordre ne devait jamais oublier le caractère spontané de la naissance des conférences présidées par le bâtonnier. Et par une délibération du 26 juin 1900, il a tenu à rappeler que c'est à la demande des avocats stagiaires eux­mêmes que l’Ordre de Bordeaux les avait organisés en 1824. sous la méthodique férule du bâtonnier Roger Brazier, il a voulu préciser en outre que les conférences ont pour objet : l'étude des règles professionnelle et discussion des questions de droit. Mais cette délibération du XXe siècle décide que la Conférence se devrait se prononcer désormais à à l’issue de la discussion par un vote verbal et motivé de chacun de ses membres. À cette même cette date, à l’instar du barreau de Paris, la délibération du 26 juin 1900 a fixé les modalités de l'élection des secrétaires et du discours de rentrée. La Conférence du stage moderne est ainsi vraiment née en 1900 avec le siècle nouveau.

André Lespès, né à Bordeaux en 1887, secrétaire de la Conférence du stage et a prononcé son discours lors de la dernière rentrée avant la guerre 1914-1918, sur le thème : « L'Orateur judiciaire dans la Grèce Antique ». Il fut tué à l’ennemi, dès les premiers jours de la guerre, le 20 août 1914.
Le lauréat de la conférence de 1906, Ducourrech de Raquine, devait lui aussi être tué lors de la guerre de 14. Le discours de rentrée de la conférence fut supprimé durant la guerre, entre 1914 et 1919.

< Discours d'André Lespès, Rentrée des la Conférence du Stage.


1921

< Discours d'André Lespès, Rentrée des la Conférence du Stage.

Pour la première fois en 1921, deux discours furent prononcés lors de la rentrée dont celui de la première femme secrétaire de la conférence, Manon Cormier, sur « Le procès de Madame Rolland »
Cette année-là, la revue du bâtonnier s'intitule « Place aux femmes », elle donne le pouvoir à une bâtonnière, Me Vogée-Davasse, mais en précisant toutefois que la scène se passe en… 1950. Les promoteurs de la revue étaient optimistes, il faudra en réalité 64 ans de plus pour qu'une femme accède pour la première fois au bâtonnat à Bordeaux. .

Programme de la revue du bâtonnier 1921
Programme de la "Revue du bâtonnier" 1921, intitulée « Place aux femmes ».


 La Rentrée de la Conférence du Stage en 1985.
La Rentrée Solennelle de la Conférence du Stage du barreau de Bordeaux en 1984.Discours de Robert Badinter, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice.


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