En 1984, le lieu ardemment
recherché est trouvé. Et le Conseil de l'Ordre donne mandat au bâtonnier
d'acheter les locaux de l'ancienne librairie juridique Ulysse Peigne, situé
en face du palais de justice (Rue du Maréchal-Joffre). Un programme
ambitieux pour un barreau jeune et déterminé est mis en œuvre. Il s'agit de
réhabiliter ou de reconstruire non pas un mais trois immeubles - dont un
doit être rasé - communiquant avec la rue du Hâ. En tout près de deux mille
mètres carrés.
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"Que
1985 soit l'année des réalisations !" annonçait le Bulletion du
Bâtonnier en janvier 1985. Et dès 1985, commence, sous la direction des
architectes Claude-Henri Aubert et Gérard Laporte, un important programme
de travaux financés grâce aux réserves accumulées par un ordre parcimonieux
au cours des ans et à la souscription d'un emprunt de six millions de
francs.
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En juillet 1985, les
fondations sortent de terre. En septembre, le bâtonnier de l'époque peut
écrire dans le Bulletin du Bâtonnier : " La grue est si haute qu'on ne
saurait l'avoir vue. Le trou se bouche et déjà se surélève. Les avocats un
"coffrent " et "bétonnent ". Donc on construit rue du
Maréchal-Joffre ". Et il ajoutait : " Avec réalisme. Avec la
volonté de gérer l'avenir, malgré les rigueurs ou les contraintes des choix
qui engagent ".
Le gros œuvre incluant un
amphithéâtre d'une centaine de places sera terminée au début de 1986. Mais
le barreau répugne à quitter le Palais de Justice. Il faudra sept ans pour
que la construction devienne ce pourquoi elle fût conçue.
En 1986, le projet fut renié
et il fut envisagé de l’abandonner en plein travaux. On instruisit le
procès de ceux qui l'avaient voulu et conçu. Seule l’importance des
emprunts souscrits pour reconstruire ou réhabiliter les immeubles mit en
échec cette éventualité. Au contraire, la force de l’évidence s’imposa.
Hommage aux précurseurs : il fallait bien une Maison pour les avocats en
face de la nouvelle cité judiciaire de BORDEAUX.
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En 1992, le barreau de
Bordeaux atteint 603 membres. Vingt ans après les avoués des tribunaux, les
conseils juridiques et fiscaux par l'effet de la loi du 31 décembre 1991,
sont devenus à leur tour des avocats. La population du barreau a presque
doublé en sept ans. Moins en raison de l'apport des anciens conseils
juridiques, que grâce à l'arrivée des jeunes. Le barreau ne cesse de
s'étoffer et de se rajeunir. Chaque année amène à la barre désormais des
promotions de près de quarante jeunes avocats. Avec cette nouvelle fusion,
le barreau célèbre la "nouvelle profession ". Après sept années,
en cette heure nouvelle du barreau, le bâtonnier dont les pouvoirs sont
aujourd'hui quelques peu bridés par la création d'un nouvel organe
national, le Conseil National des Barreaux, se décide enfin à quitter son
traditionnel bureau qui jouxtait les balcons de la Cour d'Assises au Palais
de justice, et traverse, à son tour, la Rue du Maréchal Joffre.
Ainsi se scelle symboliquement
dans un lieu nouveau et neutre l'alliance du juridique et du judiciaire, de
la plaidoirie et du conseil. Le conseil de l'ordre, comme prévu depuis
1985, ne peut que l'y suivre dans une salle des délibérations toute neuve
privée des portraits des grands ancêtres mais plus propice aux choix de la
modernité.
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Après l’inauguration du
nouveau TGI en 1998, l’Ordre des Avocats a été « invité » à quitter les
locaux pourtant construits pour lui, cent cinquante ans plus tôt, au sein
du Palais de Justice. C’est ainsi que depuis l’an 2000 , les services de
l’ordre et le membres du personnel techniques qui lui sont associés (CARPA,
ANAAFA, etc...) ont quitté, à l'exception de la bibliothèque, le palais de
justice et sont réunis au sein des quatre immeubles, tout près du nouveau
Tribunal de Grande Instance dont les locaux d’acier, de verre et de bois
ont été conçus par l’architecte britannique Sir Richard Rogers. En 2000,
les portraits des grands ancêtres les ont enfin rejoint dans une salle du
Conseil de l'Ordre rénovée. Le Barreau était définitivement dans ses
meubles.
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Ironie de l’histoire, la
"Maison de l’Avocat" de Bordeaux ne fut jamais inaugurée. Elle
est bien cependant la Maison de tous les avocats à l'échelle d'un barreau
de 800 membres en l'an deux mille. Toujours en devenir, elle ne cessera de
croître au cours des ans. L'acquisition en 1996 d'un quatrième immeuble,
contigu des précédents, élargit son emprise. Sa rénovation progressive, de
1997 à 2002, n'est qu'une nouvelle étape, sans doute provisoire. De la Rue
du Maréchal Joffre à la Rue du Hâ, d'autres murs ne demandent qu'à tomber
et à s'offrir à l'esprit de conquête.
Le XXIème siècle se chargera
d'achever l'œuvre entreprise, en complétant l'unité du bâtiment dont les
baies vitrées observent depuis 1985 la constante amélioration de son
immédiat et prestigieux vis-à-vis, l'Ecole Nationale de la
Magistrature." B.F.
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