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Archives : Hommage à Nelson Mandela alors emprisonné - Cérémonie de remise du Prix 1985

  “L’hommage des avocats à un avocat”
“The award given by lawyers to a lawyer
“El homenaje de abogados a un abogado
“Il tributo degli avvocati ad un avvocato
“Die Hommage von Anwälten zu einem Anwalt
“L'omaggio degli avvocati ad un avvocato
“De award gegeven door advocaten aan een advocaat"


Depuis/Since/Dal/Seit/Sinds 1984

 

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GENÈVE - 24 septembre 2020
Délibération du Jury du Prix 2020
Barkin et Ebru TIMTIK (à titre posthume)
TURQUIE

 

Le XXVème Prix International des Droits de l’Homme "Ludovic-Trarieux" 2020

a été attribué le jeudi 24 septembre 2020,

Palais de l’Athénée, à 1205 Genève.

conjointement à

Barkin Timtik

et

Ebru Timik (à titre posthume),

avocates du barreau d’Istanbul. (Turquie).

 

Barkin Timtik, 38 ans, et Ebru Timtik, 42 ans, sont soeurs. Devenues avocates toutes les deux, elles ont toujours partagé les mêmes engagements et endurer les mêmes souffrances. Toutes deux sont membres de l'Association des avocats progressistes (ÇHD) et travaillent au sein du Halkin Hukuk Barosu (« Bureau des droits du peuple »–HHB).

 

Barkin et Ebru Timtik, avocates en charge des cas sensibles des militants du mouvement DHKP-C, ont été soumises à un harcèlement continu depuis 2013. Barkin a été d’abord emprisonnée entre le 23 janvier 2013 et le 21 mars 2014 dans le cadre du procès dit du ÇHD1, dont elle demeure également une des accusés pour « appartenance à une organisation terroriste », uniquement en raison des liens allégués du ÇHD avec le DHKP/C. Le 15 décembre 2016, elle avait été agressée par la police et arrêtée, alors qu'elle assistait à un dîner funéraire pour rendre hommage à un de ses clients, abattu par la police. Elle a été détenue au poste de police d'Esenyurt pendant quatre jours. Selon certaines informations, elle aurait été frappée au cours de sa détention puis lorsqu'elle avait été transférée d'une prison à une autre. Elle n’a pas eu la possibilité d'avoir accès à ses avocats.

 

Avant d’être transférée à la prison de Silivri, à Istanbul, Barkin Timtik avait salué les autres avocats en prononçant ces mots: "Aujourd’hui, je suis particulièrement fière de faire partie de votre groupe [HHB]. Je vous aime tous et je vous prie de saluer tous les amis qui ne sont pas ici maintenant. Nous devons montrer à l’ennemi la signification de la solidarité et de la lutte. Je sais que nous allons gagner ! " Elle a été transférée ensuite à la prison d'Izmir, à plus de 500 km, où elle a été détenue avec plusieurs de ses clientes. Barkin Timtik avait été libérée à l’audience du 16 février 2017.

 
Deux mois plus tard, le 20 avril 2017, Barkin Timtik a été à nouveau interpellée et brièvement détenue, lors d’une audience où elle défendait la famille de Dilek Dogan, une jeune femme tuée lors d'un raid de la police en 2015, parce qu’elle soutenait ses clients en incitant le public à ne pas quitter la salle d'audience. Trois mois après, le 17 juillet 2017, Barkin Timtik et sa sœur Ebru, avaient à nouveau été interpellées à l’occasion d’une conférence de presse pour défendre les enseignants en grève de la faim à Ankara, dont le Bureau des droits du peuple assurait la défense. Le 5 août 2017, Barkin Timtik a été encore arrêtée avec 42 autres manifestants lors d’une action pacifique pour soutenir la grève de la faim de Nuriye Gulmen et Semih Ozakca. Des photos prises au palais de justice d'Istanbul ont révélé qu'elle avait subi des traitements dégradants pendant sa garde à vue. Selon le HHB, le procureur chargé de l'enquête et le juge de paix ont rendu une décision de contrôle judiciaire sans prendre sa déclaration sur les sévices.

 

Barkin et Ebru Timtik ont été arrêtées, une nouvelle fois,  le 12 septembre 2017, lors de descentes de police ciblées,  très précisément deux jours avant l'audience, où elle devaient défendre leurs clients, Nuriye Gülmen et Semih Özakça, deux enseignants en grève de la faim pour protester contre leur licenciement par un décret, le 23 mai à Ankara. 16 autres avocats de l'Association des avocats progressistes (ÇHD), seront successivement arrêtés entre septembre et décembre 2017. Il leur est reproché d’avoir été les avocats de membres du DHKP/C et à ce titre d’avoir rendu visite à leurs clients sur leur lieu de détention et de les avoir informés de leur droit de garder le silence. Pour l’accusation, le HHB ne serait que l’une des sous-structures du DHKP/C, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'Europe et les Etats-Unis.

 

Après avoir passé un an en détention, Barkin et Ebru Timtik ont comparu le 10 septembre 2018 devant la 37ème Chambre pénale du tribunal d'Istanbul au palais de justice de Bakirköy. C’était la première audience du procès dit du ÇHD2. Les juges avaient refusé leur comparaison à l’audience et voulaient leur imposer de comparaître par l’intermédiaire du système de vidéoconférence (SEGBIS) décidée par les juges sous prétexte "des frais de déplacement, de la longueur de la route et de la sécurité". Mais les avocats ont exigé de venir s’expliquer en personne sur les accusations injustes qui pesaient sur eux. Confronté à ce refus, le tribunal d'Istanbul a ordonné d’amener les détenus à l'audience. Quatre jours plus tard, le 14 septembre 2018, tous les avocats ont été remis en liberté par le tribunal. Barkin et Ebru Timtik comme leurs coaccusés ont été libérées. Mais, le lendemain, la même chambre a décidé après appel du Parquet, de replacer en détention 12 des avocats libérés et de renvoyer les débats à une date ultérieure.


Le procès recommencé le 18 mars 2019, mais deux jours plus tard, interrompant les débats, la 37ème section du tribunal d’Istanbul a subitement interrompu les débats et condamné les 18 avocats à de lourdes peines. Barkin Timtik  a été le plus lourdement condamnée, à 18 ans et 9 mois d’emprisonnement pour « création et direction d’une organisation terroriste armée » en vertu de l’article 314-1 du code pénal turc. Ebru Timtik, a été condamnée à 13 ans et demi de prison.

 

Quant à leurs coaccusés : Selcuk Kozagacli a été condamné à 10 ans et 15 mois, Engin Gökoglu, Aytac Ünsal a 10 ans 6 mois, Aycan Cicek a 9 ans, Ezgi Çakir a 7 ans et 12 mois et Aysegül Çagatay à 3 ans et 9 mois, pour « appartenance à une organisation terroriste armée en vertu de l’article 314-2 du code pénal turc». Zehra Özdemir et Ahmet Mandaci ont vu leur peine réduite à 2 ans, 13 mois et 15 jours (parce qu’ils étaient présents à l’audience le 20 mars contrairement aux autres prévenus) pour « appartenance à une organisation terroriste armée ».  Tous ont été condamnés parce qu’ils étaient membres du HHB - et de ce fait considérés comme membres présumés du DHKP-C- sur des présomptions et sous le prétexte de déclarations contradictoires d’un témoin prétendument clé.

 

Barkin Timtik a fait partie des six détenus maintenus en détention lors du jugement. Le 24 mai 2019, elle a du être opérée sans préavis et sans que ses proches soient prévenus à la prison n ° 9 de Silivri après la découverte d‘une tumeur d’environ 14 centimètres  dans son abdomen.

 

Ebru Timtik, quant à elle, n’a pas comparu. Elle n’avait pas été arrêtée après la libération collective du 14 septembre 2018. Elle a donc été jugée et condamnée en son absence. Trois mois plus tard, le 20 juin 2019, le mandat d’arrêt délivré contre elle par le tribunal a été mise à exécution et elle a été ré-arrêtée à Istanbul. Dès lors elle n’a eu de cesse d’obtenir la réformation de la condamnation injuste qu’il a frappée.

 

Le 3 janvier 2020, elle a entamé une grève de la faim pour voir reconnaître son droit à un procès équitable et obtenir que les juridictions supérieures examinent son recours. Le 5 avril, faute d’être entendue, elle avait transformé sa grève en « jeûne de la mort ». Après 200 jours de grève de la faim, l’institut de médecine légale l’a déclarée inapte à supporter un emprisonnement, pourtant le 14 août, la Cour constitutionnelle a rejeté une demande de libération. Elle est morte au 238 ° jour, le 27 août 2020. Elle ne pesait plus que trente kilos.

 

Le 15 septembre 2020, la Cour de cassation a confirmé les peines de prison de 14 de ses co-accusés mais a joint l’examen du cas de Barkin Timtik à celui de l’affaire où elle est poursuivie pour "appartenance à une organisation[terroriste] ". En raison de sa mort, la juridiction a déclaré ne pas avoir à examiner les moyens d’Ebru Timtik contre la régularité de sa condamnation.

 

 

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