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MUSEE DU BARREAU DE BORDEAUX

 

Une pionnière du féminisme fut la première femme avocate au barreau de Bordeaux

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Dans son bureau, à Toulouse, en 1917.

     La première femme avocate au barreau de Bordeaux

     Claude Vogée-Davasse (1882-1954).

C'est alors qu'Ernest Monis était Garde des Sceaux que fut votée la loi du premier décembre 1900 permettant aux" femmes munies du diplôme de licencié en droit de prêter serment et d'exercer la profession d'avocat". À Paris, Jeanne Chauvin, titulaire d'un diplôme de docteur en droit, avait dès 1896 vainement demandé son inscription au barreau. Dès le 22 novembre 1900, Madame Petit, née Balachovski, avait prêté serment à Paris. Jeanne Chauvin l'a suivie de quelques jours. À Bordeaux, il aura fallu attendre près de deux décennies pour que la première femme apparaisse sur le Tableau de l'Ordre.

     1920
Clémence Vogée-Davasse, en 1920, deux ans après sa prestation de serment, lors d'un hommage au bâtonnier Peyrecave

1917

Marie-Clémence dite Claude Vogée-Davasse avait effectué ses études de droit à la Faculté de Toulouse. Admise sur la liste des stagiaires, mais séparée de corps, le barreau de Toulouse se demande si l'autorisation de son mari pour lui permettre de s'inscrire n'est pas nécessaire et demande une consultation au bâtonnier de Paris. Elle décide de passer outre sans attendre et vient s'installer à Bordeaux, où elle devient, le 15 janvier 1917, la première femme du barreau. Elle sera inscrite aux (grand) "Tableau" le 25 octobre 1918.
Elle précéde en cela de quelque 10 mois, une autre avocate stagiaire, Manon Cormier, qui prête serment le 10 octobre 1917 pour être inscrite sur la liste du stage. Quatre autres femmes seront admises au barreau entre 1918 et 1920. Outre Jeanne Guillemot, Bertrande Bureau en 1918, Simone Weiler en 1919 et Andrèe Combes en 1920 qui sera lauréate de la conférence en 1924 et prononcera l'"Éloge d'Henry Brochon" avant de figurer au tableau jusqu'à la fin du XXéme siècle.

1921

Rentrée des la Conférence du Stage.

Claude Vogée-Davasse ne manque d'apporter un ton nouveau dans l'univers jusqu'alors exclusivement masculin du barreau. Dès le mois de juin 1918, elle monte à la tribune dans les réunions publiques de l'Union française pour le suffrage des femmes (UFSF) en appelant à une "ère où la femme, affranchie de certains préjugés [prendra] une part effective dans les discussions des questions communales".
Trois ans plus tard en 1921, elle est la meneuse de revue de la Soirée annuelle du bâtonnier où lors du spectacle des jeunes avocats intitulé Place aux femmes , sur le programme duquel elle est représentée en robe et en ombre chinoise dans une attitude improbable (pour l'époque). Elle y annonce la prise du pouvoir par une bâtonnière, mais en précisant toutefois que la scéne est censée se passer en... 1950. Les promoteurs de la revue étaient optimistes, il faudra en réalité 64 ans de plus pour qu'une femme accède pour la première fois au bâtonnat à Bordeaux.

Programme de la revue du batonnier 1921
Programme de la "Revue du bâtonnier" 1921, intitulée "Place aux femmes".

Elle deviendra rapidement une avocate réputée pour son éloquence et son esprit de répartie, aussi bien devant le conseil de guerre que devant les juridictions civiles. Elle demeurera notamment célèbre pour lors d'un procès d'assises répondu à ; un avocat généal qui s'adressait à elle en lui disant " Madame " :"Monsieur l'avocat général, je vous prie de ne pas plus faire état de mon sexe que je ne le fais du vôtre ", qui devait clairement fixer les rapports entre la magistrature et les femmes avocates pour plusieurs années.
Spécialisée dans les des questions sociales, en 1926, elle est chargée, par le Bureau international du travail, sous le patronage d'Albert Thomas, d'enquêtes et de rapports. Elle a dans sa pratique d'avocat défendu les intérêts de la classe ouvrière dans le bâtiment, la métallurgie, la couture et le commerce. Ce qui lui valut de recevoir la Légion d'honneur en 1949 au titre du ministère du travail.
"Prêtresse du beau langage", elle a doublé son activité professionnelle d'une carrière de conférenciére au cours de laquelle, elle fit admirer dans toute la France autant son esprit brillant que sa culture.
La maladie la contraignit néanmoins à s'éloigner de sa profession et de ses combats. Elle se retira à Damazan, en Lot-et-Garonne où elle mourût le 8 août 1954. Elle choisit de se faire enterrer entourée de sa seule famille dans le petit cimetière de Saint-Pierre-de-Buzet.
"Première dans le temps, elle le fut par son admirable talent et sa place au Palais était une place d'honneur.[…] Nul ne méritait plus qu'elle l'hommage de ses pairs ", constatait le 21 août 1954, un article nécrologique paru dans l'hebdomadaire "La Vie bordelaise ".

1949
Photo de Me Vogée-Davasse., prise en mars 1949 dans les Pas-pperdus du palais de justice de Bordeaux.
Photo de Me Vogée-Davasse, prise en mars 1949 dans les Pas-perdus du palais de justice de Bordeaux.

     1954
"Elle s'inscrivit la première au barreau de Bordeaux"...

21 août 1954
Hommage paru dans le journal
21 août 1954
Hommage paru dans le journal
24 août 1954
Faire-part de décès–Sud-Ouest–24 août 1954
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©Editions Tyché, Favreau, "Une Petite Histoire du Barreau de Bordeax"
avec l'aimable autorisation de l'éditeur et de l'auteur

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