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MUSEE DU BARREAU DE BORDEAUX

 

Manon Cormier (1896-1945)

Avocate au barreau de Bordeaux

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Manon Cormier en 1939.

1917

    

    

Madeleine dite Manon Cormier (1896-1945), admise le 10 octobre 1917 sur la liste du stage du barreau de Bordeaux, n'aura pas été pour quelques neuf mois (Me Vogée-Davasse y a été inscrite le 15 janvier 1917) la première femme à forcer les portes d'un barreau alors très inégalement féministe, du moins fût-elle la seconde. Mais elle a été sans conteste la première femme lauréate des 1921 de la conférence du stage en qualité de deuxième secrétaire.

    

1921

Rentrée des la Conférence du Stage.

Ardente féministe lorsqu'en 1921, il lui fallut choisir le thème de son discours de rentrée, elle refusa le sujet qui lui était proposé, l'Éloge du bâtonnier Lagarde, surnommé le "Girondin de 1848 " trois fois élu bâtonnier de l'ordre, pour choisir de célébrer une autre girondine mais de 1793, et une autre Manon, Madame Roland, donc on dit qu'elle a murmuré en juin 1793 au pied de la guillotine : "O liberté! que de crimes on commet en ton nom", non pas en portrait mais en procès.
Elle a illustré sa dilection pour l'histoire écrite au féminin en retraçant le portrait de Juliette Adam qui lui vaudra l'obtention d'un prix -le prix Montyion - de la part de l'académie française. Avocate, elle sut doubler son activité professionnelle d'une carrière de militante. Elle a créé à Bordeaux, la section girondine de la "Ligue française pour le Droit des Femmes". C'est notamment à ce titre qu'elle montait avec détermination à la tribune des réunions politiques pour revendiquer le droit de suffrage des femmes. Le 4 mars 1935, à la veille des élections municipales, elle a organisé à Bordeaux, des élections fictives avec une liste d'"Action féministe et de progrès social", qui recueillit 4560 suffrages dont (seulement) 690 masculin.

1936

Ces conférences, nombreuses, n'étaient pas la seule traduction de ses engagements. Elles étaient aussi l'occasion de faire briller des dons littéraires appréciés lorsqu'elle évoquait "Les Héroïnes d'Henri Bataille". De surcroît, la plume le disputait au verbe, puisqu'on lui doit un ouvrage sur "Juliette Adam", couronné par le Prix Montyon en 1936, comme plus tôt, en 1925 son livre "M. de Guillerague", parlementaire humaniste de Guyenne au XVIII siècle, avait reçu un prix de l'Académie de Bordeaux.
Parallèlement elle a accompli de nombreux voyages d'études professionnels en Italie, en Autriche, en Allemagne, en Angleterre, en Argentine ou en Pologne. Elle fut présidente–fondatrice du Soroptimist Club, une Organisation Non-Gouvernementale internationale de femmes engagées dans la vie professionnelle et sociale dont l'objet est de promouvoir les droit de l'homme et en particulier le statut et la condition de la femme, l’éducation, l’égalité, le développement et la paix.

     Une pionnière des cabinets ministériels

    

1930



Au début des années 30, elle a appartenu aux pionnières qui entrent dans un cabinet ministériel . En 1934 elle a appartenu au cabinet ministériel de Louis Marin alors Ministre de la Santé publique et de l'éducation physique de février à 8 novembre dans un gouvernement Doumergue.
En 1940, elle choisit de devenir sous-directrice au bureau du contentieux du Ministère du Ravitaillement. Elle y occupe à compter du 1er août le poste de chef de service au ministère du Ravitaillement.C'était alors pour elle l'occasion de servir un engagement plus urgent et plus intense encore que tous les précédents : la Résistance.
On sait notamment, par la relation qui en a été faite après la Libération et la gratitude qui lui en a été manifesté, que depuis son ministère elle agissait en liaison notamment avec l'action clandestine des parlementaires résistants du groupe des "Quatre-vingt" qui avaient refusé, le 10 juillet 1940 les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.


1945

Arrêtée par la Gestapo, le 30 septembre 1943, au sein même du ministère du Ravitaillement, qui se trouvait alors aux Invalides, à Paris, elle sera le 11 novembre transférée à Bordeaux pour être incarcéréee au Fort du Hâ, pendant plusieurs mois,puis à Fresnes en mars 1944, avant de connaître en avril la déportation.
Elle connaîtra ainsi d''abord le camp de Laubau, en Silésie, où elle fut contrainte au battage du lin dans les filatures. Puis à la fin d'octobre 1944, ce fut le camp de Ravensbrück où ; elle a été détenue dans le bloc des "N.N" (Nacht und Nebel), puis, en mars 1945, celui de Mauthausen, d'où les troupes alliées la délivrèrent à la fin du mois d'avril après vingt-trois mois de captivité.
Rapatriée à Paris via la Suisse par la Croix Rouge internationale, elle éteinte à son retour de captivité à l'hôpital Boucicaut, le 25 mai 1945, à six heures du soir. Elle n'avait pas cinquante ans. Elle demeure une illustre figure du Barreau de Bordeaux de l'entre-deux Guerre qui correspond très exactement à la durée de sa carrière inachevée.
À son retour, elle a consacré ses derniéres forces à dicter le récit de ses souffrances à sa soeur, Mme Dartigue-Peyrou, née Juliette Cormier, qui les a fidèlement retranscrits et publiés après sa mort.
Ses contemporains ne s'y sont pas trompés : les honneurs militaires les plus solennels furent rendus à sa dépouille mortelle, le 1er juin 1945, au temple de la Rue Notre-Dame. Citée à l'ordre de la Nation, le 16 janvier 1946, sous la signature du ésident du GPRF, Charles De Gaulle, son nom est gravé sur un mur du Panthéon. Aujourd'hui nombre de rues, de places, de collèges et autres institutions portent son nom.


Plaquette éditée par Madame Dartigue-Peyrou, à sa mémoire.

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Maité Bordan, Manon Cormier est morte au terme de son calvaire. LNR.28 juin 1945.


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Carte-lettre envoyée par Manon Cormier de Genève un mois avant sa mort. Coll. Dartigue-Peyrou.

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Panthéon. Sur un pilier du fonds à droite, la liste des écrivains morts pour la France en 1939-1945 . Les noms de Marc Bloch et de Robert Desnos figurent sur le mêe pilier.


Monument aux morts du barreau de Bordeaux.

Pour en savoir plus, on pourra lire : Bernard Lachaise, Manon Cormier, une bordelaise en résistance (1896-1945), aux éditions Confluences, parution 2016.

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©Editions Tyché, Favreau, "Une Petite Histoire du Barreau de Bordeax"
avec l'aimable autorisation de l'éditeur et de l'auteur

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